BUCKY FÊTE NOËL

Les fêtes, Noël en particulier, ont très souvent servis de support pour des artistes de créer des histoires à l'ambiance et aux thématiques uniques et reconnaissables.
Pas étonnant que l'on parle de « films de Noël » ou que le genre de l'horreur soit régulièrement mis en avant lors d'Halloween.
Que l'on célèbre ou pas, chacune de ces traditions agissent comme de micro parenthèses au sein de l'année et offrent aux autres l'occasion de fêter, faire le point, retrouver la famille ou les trois à la fois.

L'histoire dont j'ai choisi de vous parler aujourd'hui se déroule à Noël mais pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de celui de Bucky Barnes.

Sous-titrée "Winter Kills" et publiée en 2007, elle est écrite par le scénariste Ed Brubaker et illustrée par Lee Weeks.
Le milieu des années 2000 chez Marvel est marqué par un évènement colossal d'un point de vue marketing et pour les personnages : la Civil War.

À la suite d'un incident impliquant des civils, les héros sont désormais contraint de dévoiler leurs identités et de se placer sous l'ombre du gouvernement Américain, position soutenue et représentée par Tony Stark/Iron Man.

À l'opposé se trouve Steve Rogers/Captain America qui, à partir de ses différents avec Stark, va déclencher un conflit couvrant l'intégralité du spectre super-héroïque.
Seulement voilà, dans le même temps où cette guerre se préparait, Steve avait retrouvé la trace de son meilleur ami Bucky, disparu durant la Seconde Guerre Mondiale, devenu le Soldat de l'Hiver, un assassin programmé par l'URSS durant la Guerre Froide.
Son conditionnement brisé, Bucky se retrouve dans la nature, perdu, en décalage et à la recherche de la moindre étincelle lui rappelant son passé.

                       Winter Kills par Ed Brubaker 
                       Lee Weeks, Stefano Gaudiano
                                et Rick Hoberg 

L'histoire se déroule alors que Bucky tente de trouver une place dans un monde en décalage avec lui.
Le décalage, ou retard, est un thème récurrent des histoires de Captain America, Steve Rogers étant souvent surnommé "The Man Out Of Time" ou homme hors du temps du fait de son histoire.
Ed Brubaker, qui a co-crée le Soldat de l'Hiver, était un immense fan de Bucky et ce depuis son enfance, l'occasion de ramener ce personnage historique était aussi un moyen pour lui de prolonger cette thématique.

Dès le début, le récit est teinté d'une atmosphère très mélancolique, Bucky se souvient de ses années au sein des Invaders et de son amitié avec ces membres (Namor, Toro, Steve, Human Torch) alors qu'il s'apprête à fêter son dernier réveillon en 1944, après quoi lui et Cap finiront par disparaitre dans les eaux glaciales.
À notre époque, Bucky se lamante de ce qu'est devenu Noël ou plutôt de son esprit, les gens vivant toujours la peur au ventre, désormais dépassé par une toute autre guerre (Civil War) et se réfugiant dans ce que le souvenir d'une fête peut rapporter de chaleureux.
Le titre "Winter Kills" possède une double signification, à la fois la perspective d'un froid terrible et, sans doute, mortel mais se trouve également dans les couleurs de Matt Milla.

                       Winter Kills par Ed Brubaker 
                      Lee Weeks, Stefano Gaudiano
                                et Rick Hoberg 

Le récit navigue dans une accumulation de teintes très bleutées, glaciales, créant un sentiment fort de mélancolie et de perte de repères.
La froideur de la ville, les quelques touches plus chaudes offrent un environnement reflétant parfaitement l'état d'esprit de Bucky et la morale de cette histoire.
Si la thématique de Noël oppose régulièrement la froideur de l'hiver à la chaleur des relations humaines, "Winter Kills" cherche avant tout à faire ressentir le lourd poids du passé sur les épaules de Bucky, sa peur du monde extérieur ainsi que les fantômes qui hantent son passé.

Le trait de Lee Weeks est ici un parfait assistant à l'écriture de Brubaker.
Ses personnages sont tous, sans exception, merveilleusement défini mais les différents lieux d'action, de la pollution lumineuse de la ville au silence d'un cimetière, créent un sentiment de rêve, comme si rien n'était encore bien défini.

Sans être une pierre angulaire de ses auteurs, "Winter Kills" est une superbe histoire qui, l'espace d'une soirée, retrace le parcours et les doutes d'un personnage arraché à son passé.
Le cœur du récit réside dans ce que l'on pourrait voir comme une morale : 
Comment trouver sa place dans un monde qui a avancé sans nous ?
Une petite lecture de Noël à lire sans modération.

                       Winter Kills par Ed Brubaker 
                     Lee Weeks, Stefano Gaudiano
                                et Rick Hoberg 


J'ai déjà parlé de ce récit ici :

Winter Soldier : Winter Kills 
Scénario Ed Brubaker
Artistes (dessin et encrage) Lee WeeksStefano GaudianoRick Hoberg
Couleurs : Matt Milla
Lettrage : Joe Caramagna
Éditeurs : Tom BrevoortMolly LazerAubrey Sitterson



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